Un soutien communal au développement agricole
Déprise agricole et survivance d’une petite agriculture diversifiée
Comme de nombreuses îles du Ponant, l’Ile d’Yeu a vu son agriculture décliner fortement depuis la fin du XIXème siècle, jusqu’à ne compter plus qu’une poignée de structures, petites et moyennes, au début des années 2000. Malgré cette déprise agricole forte, les activités encore en cours présentent un profil diversifié : le maraîchage est l’activité principale mais l’agriculture de l’île compte également des élevages (bovins, ovins, volailles, reines d’abeilles) et d’autres productions diversifiées (fleurs, plantes aromatiques et médicinales, safran, fruitiers).
Une organisation collective pour soutenir un nouveau développement agricole
Afin d’enrayer ce déclin, des acteurs locaux, dont la commune, se sont associés pour porter un projet de développement agricole. Le Comité de Développement de l’Agriculture (CDA) de l’Ile d’Yeu s’est constitué en 2015 en regroupant la commune, des agriculteurs, deux associations locales (le Collectif Agricole et Yeu Demain), et des citoyens. En 2018, la Société Coopérative Civile Immobilière (SCCI) Terres Islaises a rejoint le CDA. Début 2021, le CDA a poursuivi sa structuration pour passer de collectif informel à association, avec une gouvernance bien établie entre chacune des structures.
Les projets développés au sein du CDA
Le projet Terres Fert’île
Le CDA a initié son premier projet, Terres fert’île, à partir de 2015. L’objectif est de remettre en culture des terres abandonnées et tombées en friche, afin de produire une alimentation locale, saine, de qualité, pour nourrir la population tout en créant des emplois et en contribuant à la revalorisation d’un patrimoine naturel, paysager et agricole important. Cela passe par plusieurs actions : sensibiliser la population et les propriétaires fonciers aux enjeux d’une alimentation locale, mobiliser du foncier, défricher et préparer les terrains, accompagner les installations de porteurs de projets, etc.
Les principales actions et réalisations du projet « Terres fert’île » :
2015 : première convention entre la commune et la SAFER.
– Mise en place de l’outil vigifoncier, qui a permis de réguler le marché du foncier agricole
– Recherche de biens sans maître dans les zones agricoles. Plus de 4 ha mobilisés depuis les débuts des recherches.
2018 : création de la SCCI Terres Islaises
– La SCCI fédère des coopérateurs et son but est de mobiliser du foncier agricole afin d’en garantir l’usage agricole sur le long-terme, y compris à l’issue de l’activité des exploitants.
Depuis 2019 : accompagnement à de nouvelles installations
– Plusieurs installations ont été réalisées ou sont en cours, principalement en maraîchage, plantes aromatiques et élevage de volailles.
Depuis 2020 : défrichage et préparation des terrains mobilisés.
Depuis 2021 : approfondir la mobilisation foncière
– Le travail de mobilisation se poursuit avec des propriétaires fonciers sur des entités foncières à enjeux pour le développement de futures activités agricoles. Des échanges, achats et ventes de foncier sont discutés en direct entre la commune et les propriétaires, suite au travail de prospection du CDA ou de la SAFER.
A noter que depuis 2018, le projet reconnu par l’État en tant que Projet Alimentaire de Territoire (PAT).
Le projet Au f’île de l’eau : permettre une meilleure gestion de l’eau pour les exploitations agricoles
Dans un contexte de variations climatiques importantes, la question des ressources devient cruciale. Or, on ne développe pas d’agriculture sans eau, et l’eau peut se faire trop rare ou trop abondante selon les saisons.
L’objectif du projet Au f’île de l’eau est de favoriser les conditions d’exploitation sur les fermes en améliorant le réseau hydrographique* et donc en facilitant la circulation de l’eau et l’accès aux terrains pour les agriculteurs, en équipant les fermes de systèmes de gestion de l’eau plus autonomes (récupérateurs d’eau de pluie, réserve d’eau, etc.).
*Les réseaux hydrographiques sont les réseaux qui permettent la circulation des eaux de surface. A l’Ile d’Yeu, ils sont constitués principalement des fossés et des mares.
Réalisations du projet Au f’île de l’eau
Des études :
Le projet s’est lancé en 2020. Plusieurs études sont venues agrémenter le projet : des étudiants hydrogéologues de l’école Unilasalle, la LPO de Vendée pour un inventaire participatif des mares, la Chambre d’Agriculture des Pays-de-la-Loire pour une étude sur l’autonomie en eau des systèmes de production de 8 fermes de l’île. En 2023-2024, le CDA prévoit de s’associer avec OdySéÎles pour affiner la recherche concernant la caractérisation des réseaux hydrographiques dans plusieurs zones agricoles à enjeu de développement.
Des investissements :
Depuis 2021, des travaux sur les réseaux hydrographiques ont été conduits sur cinq sites agricoles. Des aides à l’installation de systèmes de récupération et de stockage de l’eau de pluie ont été réalisées sur plusieurs fermes. Des données cartographiques ont été obtenues pour mieux identifier les fossés et les mares sur l’ensemble de l’île, en vue de restaurations progressives.
Pour approvisionner les restaurants collectifs en produits locaux : le projet de ferme en régie municipale
Les volumes proposés par les maraîchers de l’île ne permettaient pas de répondre de manière importante aux besoins des restaurants collectifs de l’île, principalement les scolaires (petite enfance, primaire et collèges) et les EHPAD.
La commune a décidé de créer une ferme en régie municipale pour répondre à ce besoin. La ferme aura pour vocation d’approvisionner les cantines en légumes frais mais sera aussi un outil pédagogique pour sensibiliser les jeunes générations à l’agriculture : plantations, légumes et fruits de saisons, etc.
Les premières actions pour le projet ont été conduites en 2021. Le maraîcher municipal a été recruté en septembre 2022. Les premières récoltes sont prévues pour la fin de l’été 2023. Le montage des bâtiments de la ferme (serres, hangar, bureau) est quant à lui prévu fin 2023. L’outil de production sera installé complètement en 2024.
Vincent Girard – vincent.girard@ile-yeu.fr 02 51 59 49 58